mardi 20 janvier 2009

Résumé et commentaire sur "Balzac et la petite tailleuse chinoise"

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Résumé

Ce roman a pour protagoniste, Luo, un jeune chinois de dix-neuf ans, qui à cause de la révolution culturelle de la fin de la période de Mao-Tse-Tung doit aller dans une zone rurale montagneuse pour sa « rééducation ».

Le narrateur, un ami de Luo qui partage son destin, nous explique, d’abord, la dureté physique et psychologique de leur vie en compagnie de personnes que ne peuvent pas apprécier leurs valeurs culturelles et, après, comment Luo tombe amoureux de la petite fille d’un prestigieux tailleur, couturière elle-même.
Luo se propose de « culturaliser » cette fille avec l’aide des livres de Balzac que lui et son ami ont volé à un copain d’infortune.

Cependant, à cause de cette « transformation culturelle» , la petite tailleuse décide de ne pas continuer avec son « maître », mais de se libérer de lui en s'échappant vers une grande ville où elle peut trouver une atmosphère qu'elle considère, maintenant, plus stimulante que la relation amoureuse avec Luo.

Commentaire

On peut voir cette histoire de différentes perspectives et points de vue. Du point de vue sentimental, ça peut être interprété come une histoire de trahison amoureuse mais aussi de liberté. Mais la phrase finale du livre, quand Luo explique à son ami comment la petite tailleuse lui a dit adieu, est un peu inquiétante pour moi :

Elle m’a dit que Balzac lui a fait comprendre une chose: la beauté d’une femme est un trésor qui n’a pas de prix

A mon avis la phrase finale d’un livre n’est jamais dûe au hasard et c’est pour ça que je crois que l’auteur a voulu donner avec elle une des clés du livre: la perte de l’innocence de la jeune fille, consciente, grâce à la littérature, du pouvoir de sa beauté et de la possibilité de l’utiliser pour son profit.

C’est assez curieux parce que ce message aigre-doux sur le pouvoir du monde extérieur, filtré par la littérature, peut être interprété, aussi, comme un « boomerang » qui retourne contre toute la thèse soutenue pendant le livre : que la littérature occidentale, ou plus spécifiquement la française, et en particulier Balzac, peuvent sublimer ou doter de couleur une situation grise provoquée, selon l’auteur, par la révolution culturelle chinoise.

Mais les lecteurs sont préparés à ça en avance, à la page 114, quand le narrateur parle sur « Jean Christophe » le roman de Romain Rolland que lui, contrairement à son ami, préfère à ceux de Balzac:

Mais Jean Christophe avec son individualisme acharné, sans aucune mesquinerie, fut pour moi une révélation salutaire. Sans lui, je ne serais jamais parvenu à comprendre la splendeur et l’ampleur de l’individualisme

Voilà, ça donne une autre perspective au roman : il s’agit, finalement, de l’éloge d’une culture plus individualiste comme l’européenne par un écrivain chinois qui vit en France et qui a souffert de la révolution culturelle dans son pays.

Bon, je partage avec Dai Sijie, l’auteur, l’enthousiasme pour le grand pouvoir inspirateur de la littérature ( pas seulement l’occidentale, bien sûr) mais je crois qu’il profite de notre « naturel » ethnocentrisme pour mépriser les paysans pauvres chinois en oubliant l’immémorial abandon de cette population.

Finalement je veux vous commenter qu’on a fait un film qui a connu un certain succés avec une bonne qualité technique et esthétique et qu' on peut voir deux extraits du film (avec sous-titres en français) ici
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